Tracy Caulkins, la Nageuse qui aurait pu (…)
Un milieu familial très aquatique
Tracy Ann Caulkins naît le 11 janvier 1963 à Winona dans le Minnesota aux États-Unis. Elle débute la natation au Westside Victory Swim Club pour ensuite poursuivre au Nashville Aquatic Club dans le Tennessee ou elle sera entraîné par le réputé Paul Bergen. C’est dans un premier temps dans le cadre de son cursus scolaire qu’elle participe à toutes les compétitions qu’on lui propose et aussi pour imiter sa grande soeur Amy qui est aussi nageuse et poloïste. Mais le réel déclic pour Tracy Caulkins se produit à ses 9 ans lorsqu’elle regardera à la télévision les Jeux Olympiques de Munich. A ce moment-là, son objectif est bien clair : elle veut participer aux Jeux Olympiques et y gagner une médaille d’or !
Des championnats nationaux aux mondiaux
C’est dès l’âge de 13 ans que Tracy participe aux Championnats Nationaux Américains où elle se fera remarquer tant dans les épreuves de 4 nages que celles en brasse pulvérisant des récords nationaux. A 15 ans, elle participe à ses premiers Championnats du Monde en 1978 en Allemagne de l’Ouest. Tracy Caulkins n’y fait pas que de la figuration pour ses premières échéances internationales: elle y remporte le 200m 4 nages, le 400m 4 nages ainsi que le 200m Papillon sans oublier les deux autres titres mondiaux avec l’équipe Américaine de relais au 4x100m Nage Libre et au 4x100m 4 Nages. Le tout en pulvérisant 4 titres mondiaux, rien que ça !
Les mondiaux de Berlin qui étaient aussi marqués par la très étonnante baisse de régime de la domination est-allemande comme détaillée dans cet épisode. Certainement parce qu’on ne se trouvait pas du bon côté du rideau de fer ?
Une impatience olympique
A 15 ans, Tracy est déjà détentrice de 5 titres mondiaux et ne rêve que d’une chose : faire de même aux JO de Moscou en 1980 ! En attendant, on lui décerne le Sullivan Award pour l’année 1978, trophée récompensant les Meilleurs Sportifs Amateurs Américains ayant marqué le plus leur discipline, une sorte d’Oscar du sport en somme. Elle continue à dominer les débats lors des championnats nationaux américains durant l’année 1979 malgré une baisse de forme due à une infection virale. Tracy Caulkins remporte la même année 4 titres et deux médailles d’argent aux Jeux Pan-Américains à San Juan à Porto Rico, évènement réunissant aussi bien les pays d’Amérique du Nord que d’Amérique du sud. Elle s’illustre aussi bien sur les épreuves de 4 nages, de brasse et de nage libre.
La déception du boycott des JO de Moscou
De bonne augure pour les Jeux Olympiques de Moscou qui se profile dès l’année suivante qu’elle attend avec impatience. Tracy se qualifie pour ces olympiades dans 5 épreuves et dans un relais lors des championnats nationaux en 1980. Mais coup de théatre ! A quelques semaines seulement du début des JO de Moscou prévu durant l’été 1980, le Président Américain d’alors, Jimmy Carter, décide du boycott des sportifs américains aux Jeux Olympiques pour protester contre l’invasion des troupes soviétiques en Afghanistan. Une décision politique certes justifiée mais qui est lourde de conséquence pour Tracy Caulkins, elle manquera cette échéance qu’elle aurait pu aisément dominer et ainsi se faire connaître d’un plus large public à travers le monde dès cette année-là. Elle se fit rapidement une raison et reporta son rêve de participation aux Jeux Olympiques à 1984 où les JO se dérouleront cette fois-ci à Los Angeles, sur le sol Américain.
Los Angeles en tête
Durant 3 années, Tracy Caulkins va maintenir son régime d’entraînement assez élevé, part suivre sa soeur Amy à l’Université de Floride en changeant d’entraineur, passant sous le giron de Randy Reese du club des Florida Gators où nage également à ce moment-là un nageur français futur médaillé olympique, Frédérique Delcourt. Randy Reese qui est également l’entraineur de l’équipe olympique américaine de Natation avouera plus tard qu’il avait sous ses ailes la meilleure nageuse qui n’ait jamais existée, hommes comme femmes. Tracy survole les Championnats Nationaux en battant au passage le record de titres nationaux détenu jusque-là par le légendaire Johnny Weissmüller. Et voilà que se profile les Mondiaux en 1982 à Guayaquil en Equateur. Mais alors qu’elle surfait sur la vague des records du monde pulvérisés à tour de bras, Tracy ne finit que 3ème au 200m 4 Nages remportés par l’Est-Allemande Petra Schneider suivie de sa compatriote Ute Geweniger. Idem sur le 400m 4 Nages, médaille de bronce pour Tracy Caulkins, épreuve également remportée par Petra Schneider suivie d’une autre Est-Allemande pour la médaille d’argent Kathleen Nord. Pour renforcer cette frustration du manque de titre mondial à cette échéance, elle manqua le podium sur la 3ème épreuve où elle était engagée. Peut-on parler d’échec de la part de Tracy à une période ou le dopage de masse au sein de la RDA battait son plein ?
Pour se consoler, l’année suivante lors des Championnats Pan-Américains à Caracas au Venezuela, elle domine très logiquement les 200m et 400m 4 Nages bien qu’elle ne soit pas au meilleur de sa forme. Tracy prendra toutefois sa revanche sur ses rivales est-Allemandes en janvier 1984, lorsqu’un grand meeting de 26 nations se déroula à Austin au Texas. Elle les domina dans les 200 et 400 yards 4 nages en plus de maitriser d’autres épreuves tels qu’en Papillon et en Brasse.
Enfin sa participation olympique !
Le moment tant revé et attendu par Tracy ne tarde d’arriver. Les Jeux Olympiques de Los Angeles s’apprêtent à commencer qu’elle est nommée capitaine de l’équipe féminine américaine de Natation ! Et l’on apprend en plus que cette fois-ci, c’est au tour de l’URSS et nombreux de ses pays satellitaires tels que la RDA de boycotter des JO. Tracy va se voir débarrassée de ses rivales Est-Allemandes plus que suspectes au niveau dopage. Ce qui va se vérifier dès sa victoire sur le 400m 4 Nages où Tracy s’impose à plus de 9 secondes de sa poursuivante, l’Australienne Suzie Landells. Elle gagne ensuite sa deuxième médaille d’or olympique sur le 200m 4 Nages devançant sa compatriote Nancy Hogshead. Puis vient le relais 4x 100m 4 nages où Tracy Caulkins tient le rôle de la brasseuse au côté de ses co-équipières Theresa Andrews, Mary T. Meagher, et Nancy Hogshead, relais que les Américaines remportent devant les Allemandes de l’Ouest et les Canadiennes. Tracy aurait pu ramener une autre autour sur le 100m brasse, mais elle rate de très peu le podium, arrivant 4ème à seulement 2 dixièmes de la Française Catherine Poirot arrivée 3ème et à une seconde de la championne olympique, la Néerlandaise Petra van Staveren.
Une retraite prématurée
A 21 ans, Tracy Caulkins a enfin réalisé son rêve d’enfance : être championne olympique, voeux hautement exaucé vu qu’elle a décroché à Los Angeles 3 breloques en or. Elle décide alors d’arrêter la Natation de haut niveau pour pouvoir se concentrer sur ses études. Tracy sera diplômée de l’Université de Floride en 1985 et se mariera quelques temps plus tard avec le nageur Australien Mark Stockwell lui aussi médaillée olympique comme elle aux JO de Los Angeles. Ils partent vivre ensemble en Australie dans le Queensland où ils auront 5 enfants. Tracy obtiendra même la double nationalité Américaine/Australienne avant d’être intronisée à l’International Swimming Hall of Fame en 1990.
En bref …
Tracy Caulkins est considérée encore aujourd’hui comme la nageuse la plus complète de tous les temps. Pourquoi vous allez me demander ? De toute evidence par sa polyvalence. Dans chacune des compétitions qu’elle a disputées, elle était à l’aise aussi bien en pap, en brasse, en dos ou en crawl. Malheureusement, sa carrière ne fut pas aussi longue comme celles de ses compatriotes Dara Torres, Natalie Coughlin ou encore Jenny Thompson. Avec une plus grande longévité Tracy aurait même très bien pu surclasser un autre nageur Américain en terme de titres internationaux, doué tout comme elle d’une grande polyvalence : un certain Michael Phelps …