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Jean Taris, la Première Star de la Natation Française

Des objectifs plein les yeux

Jean Taris nait à Versailles le 6 juillet 1909. A Versailles où réside sa famille pendant son enfance, c’est dans le bain des Pages, un bassin de 66 mètres creusé dans le Parc du Château de Versailles que Jean se familiarisera avec la nage. Surnommé « l’Aztèque »  malgré sa petite taille, Jean se fit remarquer dès l’adolescence, au Lycée Michelet où il devient le meilleur élève du maître-nageur M. Messier. Et c’est durant une compétition scolaire en 1924 où Jean Taris se fait remarqué par George Hermant, l’entraîneur du SCUF, le Sporting Club Universitaire de France. George s’approche alors de Jean et lui fit la promesse de faire de lui un champion si Jean accepte qu’il devienne son entraîneur. Ses parents lui donne le feu vert et c’est ainsi que Jean Taris s’entraine désormais tous les jeudis sous les ordres de George Hermant au sein du SCUF pour parfaire son style et sa technique. Ses progrès son fulgurants et Jean rêve désormais de nager sur les traces de Johnny Weissmüller, le grand champion Américain qu’il avait eu l’occasion de croiser au bain des Pages lors des JO de Paris en 1924. Jean Taris remporte en 1925 le challenge du Journal L’Auto « Ma Première Brasse » organisé à la Piscine des Tourelles à Paris.

Changement de technique payant

Jean Taris commence à alimenter les gazettes sportives, notamment pour le style de nage grâce à laquelle il prend amplement de l’avance en crawl : la respiration alternative, c’est à dire la respiration droite-gauche alternée par cycle de trois mouvements. Son entraîneur Georges Hermant le lui a imposé, s’inspirant du champion Hongrois Istvan Barany. C’est tout logiquement que Jean est sélectionné parmi les nageurs pour représenter la France aux JO d’Amsterdam en 1928. Il participe au 1500m Nage Libre, mais c’est encore un peu prématuré pour qu’il prétende à une place sur le podium. L’année suivante en 1929, il va battre les records de France des 100, 800, 1000 et 1500m, histoire d’asseoir définitivement sa suprématie au niveau national. Mais certains observateurs diront que Jean Taris est le seul champion dans un sport qui reste confidentiel. La Fédération Française de Natation ne compte alors que quelques milliers d’adhérents et derrière Jean ne demeurent que des nageurs moyens, mise à part Yvonne Jeanne, qu’on appelle aussi Yvonne Godard qui va imiter les exploits de Jean Taris côté femmes les deux années suivantes.

En effet, Jean et Yvonne battent tour à tour leur premier record du monde en 1930. Le 23 mai, Jean crawle le 800m en 10’19’’, effaçant des tablettes un certain Weissmüller … Et ce n’est rien que le premier record du monde de la Natation Française ! Jean Taris deviendra également quelques mois plus tard le premier français sous la minute au 100m NL en établissant le chrono de 59’’8. C’est ensuite au record du monde du Suédois Anre Borg sur le 400m NL de tomber sous le joug de Taris en 4’47’’. De bon augure à l’approche des Championnats d’Europe qui se tiennent à Paris !

Les premières reconnaissances internationales

C’est donc à la piscine des Tourelles à Paris que se déroule ces championnats d’Europe de Natation dans une assistance bien modeste. Yvonne Godard y est par contre championne d’Europe du 100m NL et médaillée de bronze au 400m. Jean Taris, lui, est un peu loin des espoirs qu’on se base sur lui. Il frôle le titre européen du 400m NL à tout juste 2/10ème de seconde du vainqueur, qui n’est autre que son modèle techniquement, le Hongrois István Bárány. Un premier podium international qui en demandera d’autres, car l’année suivante voit une très grande opportunité pour s’affirmer mondialement : Les Jeux Olympiques de Los Angeles !

Mais pour préparer ces Olympiades, ce fut clairement le parcours du combattant pour Jean Taris. Tout d’abord, le nageur demandait très logiquement de partir assez tôt pour les Etats-Unis, mais la FFN s’y opposait et clamait qu’elle n’avait pas les moyens de régler les frais de déplacement de son champion. Ensuite, le voyage de Paris sera long et pénible : 8 jours de traversée de l’Atlantique en bateau, quelques jours à New York pour ensuite enchaîner avec cinq jours de train pour traverser les Etats-Unis, mais non sans faire une halte touristique au Grand Canyon, tout de même ! Arrivés à Los Angeles, son entraîneur Georges Hermant n’a qu’un but : trouver une piscine absolument pour préparer son poulain à seulement une semaine des Jeux. Les principaux rivaux de Jean Taris, comme les Japonais sont sur place depuis déjà 2 mois et le plus redouté des nageurs Américains, Clarence « Buster » Crabbe, habite en Californie !

Les JO de Los Angeles avec quelques handicaps

C’est donc avec quelques handicaps au niveau de la préparation que Jean Taris aborde le 400m NL. En série il termine deuxième tout juste derrière l’un des favoris, le Japonais Takashi Yokohama. Mais le grand jour de la finale, le 11 août 1932, toute la France est derrière Jean Taris pour voir la plus grand chance de médaille tricolore à ces Olympiades. Cette fois-ci, Jean laisse les Japonais, dont Yokohama, derrière lui. Mais c’est ce superbe étudiant Californien Buster Crabbe qui lui chipe le titre olympique d’une main ! Jean se contente donc de la médaille d’argent. C’est une récompense tout à fait honorable, mais en quelques sortes, Jean a laissé filé la chance de sa vie. De retour en France, il change tout d’abord de club, passant du SCUF au Cercle des Nageur de Paris. Il part en Allemagne, à Magdebourg en 1934 pour participer à ses deuxièmes championnats d’Europe. Là, il ne fait pas de vieux os et ce n’est pas un mais deux titres de champions d’Europe qu’il remporte, sur les 400 et 1500m NL. Jean retrouvera l’Allemagne, 2 ans plus tard pour son ultime rendez-vous international : les Jeux Olympiques de Berlin ! En individuel, Jean termine que 6ème de la finale du 400m NL, son rêve olympique s’est envolé. Mais c’est avec les honneurs qu’il terminera sa carrière olympienne en faisant parti du Relais français du 4x200m NL avec notamment Alfred Nakache qui terminera certes au pied du podium, mais devant l’équipe allemande sous les yeux d’un certain Führer …

Une retraite sous les honneurs

Jean Taris prend sa retraite sportive deux mois plus tard après un dernier bain dans la piscine des Tourelles à l’occasion d’un match France-Japon. Jean Taris se retire avec un palmarès long comme la liste des décorations d’un maréchal soviétique : 8 records du monde sur 5 distances, 9 d’Europe, 49 de France. Mais c’est sans oublier qu’il a remporté 4 fois, de 1933 à 1936 les boucles de la Seine, une sorte de traversée de Paris à la nage, une course de 8 km considérée alors comme de championnat d’Europe de longue distance en eau libre.

Devenu par la suite directeur de la piscine de Pantin, c’est très volontiers qu’il donna également des cours de Natation afin de transmettre sa passion aux plus jeunes et, pourquoi pas, passer le flambeau à des futurs grands champions ! Jean Taris décèdera en janvier 1977 à Grasse, laissant un seul regret, celui de n’avoir décrocher l’or olympique qui lui était tant promis. Il sera tout même nommé chevalier de la Légion d’Honneur et intronisé à l’International Swimming Hall of Fame en 1984.

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